Les années 80 : Le veau d’or de la télé - Une autre histoire du mondial (3)

par Antoine Dumini, François Ruffin 30/05/2014

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Des logos Adidas et Coca-Cola partout, des milliards dépensés pour des stades qui resteront vides — plutôt que pour les enfants des favelas, des droits télés aux tarifs ébouriffants... Depuis quand, le foot et son Mondial servent à ça, de sac à pubs ? Dans Comment ils nous ont volé le football, Fakir Éditions répond : depuis les années 70. Depuis l’arrivée de Joao Havelange à la tête de la Fifa, lui qui fut, pour la libéralisation du ballon rond, l’équivalent d’une Thatcher ou d’un Reagan...

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[*Comment ils nous ont volé le football*], de Antoine Dumini et François Ruffin, Fakir Éditions, 147 pages, 7 euros (+2€ de frais de port)

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Années 1980
Le libéralisme des pelouses

C’est la décennie folle, de l’argent-roi, où toute la société bascule dans le culte du profit. Le football se tape le même délire, avec ses droits télés faramineux, ses présidents escrocs, ses transferts indécents. On s’est habitués à tout ça, depuis.

[*Le veau d’or de la télé*]
La Fifa adapte le football à la télé, prête à tout pour satisfaire les chaînes. Lors du Mondial 1986 au Mexique les joueurs, et à leur tête Maradona, se plaignent : les matches se jouent à midi sous un soleil de plomb. Le goal allemand, Harald Schumacher raconte :

« Je transpire. J’ai la gorge sèche. L’herbe est comme de la crotte sèche : dure, étrange et hostile. Le soleil tombe à pic sur le stade et éclate sur nos têtes. Nous n’avons pas d’ombres. Il paraît que c’est bon pour la télévision. »

Avec le décalage horaire, midi à Mexico, c’est le prime time en Europe. « Qu’ils jouent et qu’ils la ferment », ordonne Joao Havelange, le président de la Fifa. Qui encaisse les gros chèques : les droits TV pour les Coupes du Monde flambent, de 30,5 millions d’euros en 1986, ils atteignent 907,8 millions en 2002 et 2 100 millions en 2010... soit une hausse d’environ 6285 % en moins de quinze ans.

Idem pour les championnats nationaux, l’Anglais en première ligne : pour la Premier League, l’opérateur britannique de télécom BT a raflé la mise, pour les trois prochaines années, avec une offre de 897 millions de livres, soit 1,07 milliard d’euros.

Symptôme de cette emprise : Jérôme Valcke. Journaliste à Canal +, il prend ensuite la direction de la chaîne Sport +, puis travaille pour l’agence de droits sportifs Sportfive, qui a son siège à Genève. Avant de rejoindre Zürich et la Fifa en 2003, comme « directeur du marketing et de la télévision ». Il en devient finalement le secrétaire général, bras droit de Sepp Blatter, suite à la démission — bienvenue — du Suisse Urs Linsi. La télé tient ainsi, très directement, les manettes.

Et Jérôme Valcke peut y défendre les valeurs chères au quatrième pouvoir :

« Un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une Coupe du monde, déclare-t-il ainsi. Quand on a un homme fort à la tête d’un État qui peut décider, comme pourra peut-être le faire Poutine en 2018, c’est plus facile pour nous les organisateurs qu’avec un pays comme l’Allemagne où il faut négocier à plusieurs niveaux. »

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