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Eva Illouz : « Orban, Trump et Nétanyahou semblent affectionner barrières et murs »

Dans une tribune au « Monde », l’universitaire franco-israélienne estime que l’alliance du gouvernement israélien avec les régimes « illibéraux » d’Europe de l’Est crée une brèche au sein du peuple juif.

Publié le 08 août 2018 à 06h38, modifié le 08 août 2018 à 19h17 Temps de Lecture 9 min.

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Tribune. Un tremblement de terre est tranquillement en train de secouer le monde juif. Lorsque le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, choisit de soutenir Donald Trump avant et après l’élection présidentielle américaine de 2016, certains pouvaient encore donner à ce dernier le bénéfice du doute. Certes, Trump s’était entouré de gens comme Steve Bannon dont émanaient des relents antisémites, certes, il refusait aussi de condamner sa base électorale sympathisante du Ku Klux Klan, mais personne n’était encore sûr de la direction que prendrait sa nouvelle présidence.

Les événements de Charlottesville, en août 2017, n’ont plus permis le doute. Les manifestants néonazis commirent des actes de violence contre des contre-manifestants pacifiques (tuant une personne en fonçant dans la foule avec une voiture), mais Trump condamna de la même façon opposants modérés et manifestants néonazis.

Le monde entier fut choqué de cette mise en équivalence, mais Jérusalem ne protesta pas. L’observateur indulgent (ou cynique) aurait pu interpréter ce silence comme l’acquiescement forcé du vassal vis-à-vis de son suzerain : de tous les pays du monde, Israël est celui qui reçoit la plus grande aide militaire des Etats-Unis.

Cette interprétation n’est désormais plus possible. Il est devenu clair que Nétanyahou a de fortes sympathies pour d’autres dirigeants qui, comme Trump, front preuve d’une grande indulgence vis-à-vis de l’antisémitisme et dont il ne dépend ni militairement ni économiquement.

Une statue à Budapest

Prenons l’exemple de la Hongrie. En 2015, le gouvernement y annonça son intention de dresser une statue à la mémoire de Balint Homan, ministre qui joua un rôle décisif dans la déportation de 600 000 juifs hongrois. Quelques mois plus tard, en 2016, il fut question d’ériger à Budapest une statue à la mémoire d’un des architectes de la législation antijuive durant la seconde guerre mondiale, György Donáth. Si on avait encore un doute, durant sa campagne de réélection en 2017, Viktor Orban utilisa des figures de rhétorique antisémites contre George Soros, le milliardaire juif américain d’origine hongroise, qui soutient les causes « libérales » (au sens anglo-saxon du terme).

Le premier ministre hongrois Viktor Orban et son homologue israélien, Benyamin Nétanyahou, à Jérusalem, le 19 juillet.

Qui Nétanyahou choisit-il de soutenir ? Non pas la communauté juive hongroise, qui protesta amèrement ; il ne choisit pas non plus de soutenir le juif « libéral » Soros, qui défend des causes humanitaires, mais bien plutôt le même Orban. A ma connaissance, le bureau du premier ministre israélien n’a jamais protesté officiellement contre les inclinations et affections antisémites d’Orban. Au contraire : Nétanyahou se rendit en Hongrie en 2017, un peu avant les élections, l’exonérant de tout opprobre. Il y fut reçu de façon glaciale par la Fédération des communautés juives, mais chaleureusement par Orban lui-même. L’amitié continue, puisque Orban a été reçu, le 19 juillet, tout aussi chaleureusement par le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.

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