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De l’influence médiatique sur le monde scolaire en Amérique. Première partie

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20 janvier 2020

Temps de lecture : 6 minutes
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De l’influence médiatique sur le monde scolaire en Amérique. Première partie

Temps de lecture : 6 minutes

Les conceptions sur l’éducation des enfants et adolescents par le biais des médias proposent une vision du monde à sens unique, celle des idéologues mondialistes. L’OJIM a déjà donné des exemples en France sur la façon dont l’Éducation nationale et les médias unissent leurs efforts afin que nos chères petites têtes blondes pensent comme il se doit. Qu’en est-il de l’autre côté de l’Atlantique ? Un regard en deux articles, à partir du New York Times. Première partie.

Pour la sit­u­a­tion française sur l’OJIM, ce choix d’articles par exemple :

Cepen­dant, le phénomène n’est pas spé­ci­fique­ment français, il trou­ve même sa source out­re-Atlan­tique, comme sou­vent quand ils s’agit d’imposer des con­cep­tions libérales du monde (« lib­er­al » au sens améri­cain, c’est-à-dire appar­tenant au par­ti démoc­rate et ancrées à gauche sur le plan socié­tal). Les pages « édu­ca­tion » du New York Times, prin­ci­pal organe de presse démoc­rate de la côte est, car­i­ca­ture de tout indi­vidu ressem­blant intel­lectuelle­ment aux Clin­ton, quo­ti­di­en influ­ençant le monde entier, en sont un exem­ple intéressant.

Le New York Times s’inquiète du récit fait aux enfants des écoles

Ain­si, le quo­ti­di­en pub­li­ait une grande enquête le 12 jan­vi­er 2020, inti­t­ulée « deux États, huit manuels, deux his­toires améri­caines ». L’idée étant de mon­tr­er que les manuels d’histoire améri­caine dif­fèrent d’un bout à l’autre du pays, selon les con­cep­tions idéologiques en vigueur. Le pre­mier exem­ple pro­posé est frap­pant : le deux­ième amende­ment, por­tant sur les armes à feu. Un manuel explique que l’amendement per­met de légifér­er tan­dis qu’un manuel du Texas lais­sera un espace blanc dans le texte, comme pour cacher cette pos­si­bil­ité. Les don­nées sont d’emblée très claires. Dans le pre­mier manuel, une page insis­tera aus­si sur le rôle de la lit­téra­ture du mou­ve­ment afro-améri­cain tan­dis que le méchant manuel du Texas indi­quera que des cri­tiques n’ont pas con­sid­éré « cette école lit­téraire comme étant importante ».

Les huit manuels choi­sis par le New York Times ont les mêmes édi­teurs mais sont per­son­nal­isés en fonc­tion des États con­sid­érés. Des cen­taines de dif­férences appa­rais­sent ain­si entre les manuels util­isés en Cal­i­fornie et au Texas. Pour le quo­ti­di­en, les con­ser­va­teurs insis­tent sur le patri­o­tisme, l’influence du chris­tian­isme et les Pères fon­da­teurs, tan­dis que « la gauche » amèn­erait les étu­di­ants à dévelop­per leur esprit cri­tique en s’intéressant à l’histoire à par­tir du bas, les con­duisant à se pencher sur les groupes exclus ou mar­gin­al­isés, comme les « per­son­nes dom­inées, les femmes et les Amérin­di­ens ».

La fin des grands hommes blancs

Les États deman­dent aux édi­teurs de mod­i­fi­er cer­tains élé­ments des manuels. Par exem­ple, la Cal­i­fornie a demandé à l’éditeur de ne pas employ­er le mot « mas­sacre » au sujet des attaques amérin­di­ennes du XIXe siè­cle con­tre les blancs. Glob­ale­ment, les manuels visent à mon­tr­er que l’histoire améri­caine « n’est plus celle des grands hommes blancs ». Cela appa­raît dans les manuels des deux États, quand ils évo­quent par exem­ple les résis­tances à « la lutte pour les droits » des noirs. Des manuels cal­i­forniens expliquent que les blancs du sud ont refusé que les afro-améri­cains aient plus de droits, tan­dis que ceux du Texas indiquent que ce refus était lié au coût des réformes et donc des impôts. Selon le New York Times, les manuels du Texas oublieraient des pans entiers des dis­crim­i­na­tions (il est vrai que c’est aisé dans un pays où tout ou presque est devenu « discrimination »).

Le New York Times se préoccupe du genre et de la sexualité

Le quo­ti­di­en note que « les manuels de Cal­i­fornie inclu­ent une his­toire qui n’est pas dans les édi­tions du Texas », ces derniers ne se préoc­cu­pant pas (drame !) de la ques­tion des iden­tités de genre pour les Amérin­di­ens. Le New York Times n’interroge pas ces théories, les ten­ant comme sci­en­tifique­ment acquis­es. De plus, dans les manuels du Texas les LGBT ne sont évo­qués que pour des événe­ments récents… Les ten­ants de ce genre de théorie n’hésitant pas à pra­ti­quer l’anachronisme et à vouloir penser le passé avec des critères dont ses habi­tants n’avaient pas la moin­dre idée, un peu comme l’immense majorité des humains aujourd’hui n’ont ni con­science ni cure de la théorie du genre, laque­lle tient à la fois de l’idéologie et de la sit­u­a­tion favorisée des pays développés.

Par con­tre, en Cal­i­fornie une loi « oblige les écoles à enseign­er les con­tri­bu­tions des Améri­cains les­bi­ennes, gays, bisex­uels, trans­gen­res et hand­i­capés » à l’histoire améri­caine, sans que l’association des « hand­i­capés » aux autres caté­gories ne paraisse éton­ner le quo­ti­di­en de la côte Est. Mieux encore : en Cal­i­fornie, des pas­sages entiers sont con­sacrés aux familles de même sexe à l’époque de l’esclavage et à la chirurgie de mod­i­fi­ca­tions sex­uelles qui aurait forte­ment existé dès les années 50.

L’immigration, sujet central 

Dans les manuels cal­i­forniens, le sujet est traité sur la base d’extraits d’un roman por­tant sur une famille domini­caine-améri­caine. Au Texas, ce sont les témoignages d’agents frontal­iers qui sont mis en avant et étudiés. Les manuels de Cal­i­fornie insis­tent aus­si chaque fois qu’une per­son­ne évo­quée est un immi­grant, ce qui aux États-Unis évidem­ment est assez fréquent. Cela con­cerne directe­ment le présent puisque l’État a demandé à l’éditeur de pro­pos­er des par­ties évo­quant les com­mu­nautés de migrants spé­ci­fiques, japon­ais, mex­i­cains… Con­cer­nant l’économie, pas de sur­prise, les manuels tex­ans accentuent leurs expli­ca­tions sur la libre entre­prise, avec des exem­ples comme Andrew Carnegie. Tan­dis que les manuels cal­i­forniens font plutôt tra­vailler sur les iné­gal­ités de richesse, l’importance du syn­di­cal­isme ou l’impact que les entre­pris­es ont sur l’environnement. Même le New York Times le recon­naît : un manuel cal­i­fornien ressem­ble par­fois à un tract de Bernie Sanders, il est vrai que le quo­ti­di­en penche pour Joe Biden un autre can­di­dat démocrate.

Camp du bien, camp du mal

Non sans finesse, tout dans cet arti­cle vise à mon­tr­er com­bi­en il y a un camp du pro­grès et du bien, du côté de la Cal­i­fornie, sauf si cela va trop loin, du côté de Sanders par exem­ple, et un camp réac­tion­naire ou du mal, au Texas. Le New York Times insiste sur les dif­férences entre les manuels et sur le fait que ceux des tex­ans don­neraient à voir un monde dépassé, n’ayant tou­jours pas inté­gré les évo­lu­tions « pos­i­tives » des démoc­rates mon­di­al­isés. Au fond, le but recher­ché est de mon­tr­er com­ment un Trump a été pos­si­ble et, au-delà, pourquoi il est encore pos­si­ble d’éviter un Trump bis. En somme, éduquons, réé­duquons, il en restera quelque chose.

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