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A Sarajevo, protestations contre une cérémonie pro-oustachie

Zagreb, qui préside l’UE, a organisé un hommage aux soldats du régime pronazi.

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Publié le 18 mai 2020 à 11h36, modifié le 18 mai 2020 à 12h36

Temps de Lecture 3 min.

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Manifestation antinazi devant la cathédrale de Sarajevo, où était organisée, le 16 mai, une messe à la mémoire des soldats du régime oustachi.

Pour la première fois en Europe depuis 1945, un pays exerçant la présidence de l’Union européenne (UE) a organisé un événement marquant de facto une sympathie pour l’ère nazie. La Croatie, actuellement présidente pour six mois du Conseil de l’UE, a honoré, samedi 16 mai, à Zagreb et à Sarajevo, la mémoire des soldats de l’Etat oustachi croate pronazi, tués par le mouvement de résistance yougoslave en 1945.

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La « commémoration de Bleiburg » a généralement lieu dans ce village de Carinthie, en Autriche, où des vaincus oustachis ont été fait prisonniers et exécutés par les partisans communistes à la fin de la seconde guerre mondiale. A l’origine une manifestation confidentielle, elle est devenue, depuis l’indépendance de la Croatie en 1991, un point de ralliement des nationalistes croates et de néonazis européens. Vienne ayant cette année interdit le rassemblement pour cause d’épidémie de Covid-19, le Parlement croate a décidé d’organiser les célébrations dans un cimetière de Zagreb et, avec l’appui de l’Eglise catholique et de l’Union démocratique croate (HDZ, nationaliste) de Bosnie, dans la cathédrale de Sarajevo.

Habitants profondément choqués

Si ce genre de commémoration est récurrent en Croatie depuis trente ans, l’annonce de la messe célébrée par l’archevêque de Sarajevo, le cardinal Vinko Puljic, a profondément choqué les habitants de la capitale de Bosnie-Herzégovine. Depuis des semaines, des organisations antifascistes et des représentants des communautés juive, serbe et rom, principales victimes de la terreur nazie entre 1941 et 1945, ont dénoncé l’organisation de l’événement, rejoints par les partis bosniaques musulmans.

Cinq mille personnes sont descendues samedi dans les rues de la ville, à l’heure où la messe était célébrée devant une vingtaine de prêtres. La manifestation a commencé dans le quartier de Marijin Dvor, où le dernier crime oustachi a été commis en mars 1945 (la pendaison publique de 55 militants antifascistes), et s’est achevée devant la Flamme éternelle, un monument célébrant la libération de Sarajevo le 6 avril 1945.

Dépôt de fleurs, le 16 mai 2020, en hommage aux victimes du régime oustachi pronazi.

Les Sarajéviens ont scandé « Mort au fascisme, liberté au peuple ! », le slogan de la Yougoslavie. « C’est la réponse de la Sarajevo citoyenne, libre et antifasciste à ceux qui essayent de célébrer les criminels de guerre », a déclaré l’organisateur de la manifestation, Nijaz Skenderagic, président de l’Association des antifascistes.

La manifestation avait pour les Sarajéviens un parfum de 5 avril 1992 lorsque, à la veille de la guerre de Bosnie, ils étaient descendus dans les rues en chantant les mêmes slogans afin de clamer leur droit de vivre ensemble. A l’époque, la menace venait des nationalistes serbes, qui allaient assiéger la ville durant près de quatre ans. « J’ai eu peur que cette messe soit cette fois un piège des nationalistes croates pour mettre de nouveau le feu aux poudres, déclare l’intellectuel sarajévien Haris Pasovic, organisateur du Festival des arts et de la politique. Heureusement, il n’y a eu aucune violence. Sarajevo a démontré, comme pendant le siège, que l’esprit de la civilisation et la volonté de vivre ensemble est l’essence de la ville. »

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