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UReputation vs. Facebook : tentatives de manipulation d’un côté, censure de l’autre

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15 juin 2020

Temps de lecture : 3 minutes
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UReputation vs. Facebook : tentatives de manipulation d’un côté, censure de l’autre

Temps de lecture : 3 minutes

Alors que le réseau social vient de lancer Facebook News aux États-Unis, c’est désormais dans la chasse aux “fake news” qu’il s’est à nouveau démarqué. Plusieurs centaines de pages et des dizaines de groupes soupçonnés d’avoir voulu influencer des élections africaines viennent d’être fermés.

Opération Carthage” : un archipel de fausses pages et de faux profils

Cette cen­sure du réseau social fait suite à une récente enquête du lab­o­ra­toire de recherche améri­cain Dig­i­tal Foren­sic Research lab (DFR­Lab), éma­na­tion de l’Atlantic Coun­cil, un faux nez de l’OTAN, qui aurait démon­tré les ten­ta­tives d’ingérence dans divers­es élec­tions, de ces pages et groupes. Ces derniers ont d’ailleurs tous un point com­mun, ils ont été créés et sont admin­istrés par une société tunisi­enne de mar­ket­ing numérique dénom­mée URep­u­ta­tion.

URep­u­ta­tion n’appartient pas à n’importe qui, la société est pilotée par un cer­tain Lot­fi Bel Hadj. Affairiste fran­co-tunisien influ­ent se présen­tant comme « écon­o­miste », « lob­by­iste », il fut inter­dit de séjour en Tunisie du temps de Ben Ali ; proche du par­ti islamiste Ennahd­ha et sou­tien act­if de Tariq Ramadan, il est égale­ment le neveu de l’ancien prési­dent tunisien, Mon­cef Mar­zou­ki. Sa société gère aus­si Le Mus­lim Post, un site “d’in­for­ma­tion fran­coph­o­ne des­tiné aux musul­mans basés en Europe”.

C’est — cette fois — pour son ingérence dans les affaires africaines qu’il été sanc­tion­né : ses pages sont soupçon­nées d’avoir voulu influ­encer les récentes élec­tions tunisi­enne, comori­enne, togo­laise et ivoirienne.

Des pages présentées comme des sites d’information locale”

Face­book a fer­mé un total de 446 pages et 96 groupes liés à URep­u­ta­tion, ain­si qu’un nom­bre impor­tant de faux pro­fils. Ces groupes auraient “créé une audi­ence de façon “trompeuse” en abor­dant des sujets attrayants, comme le “tourisme, les liens avec la dias­po­ra” et récem­ment, “la lutte con­tre le coro­n­avirus”, avant de chang­er de ton et se lancer dans la pro­pa­gande politique”.

Dans la pra­tique, des pub­li­ca­tions trompeuses, dont des sondages, auraient été pro­duites pour soutenir le prési­dent comorien Aza­li Assoumani, réélu en 2019 ; l’ex-prési­dent ivoirien Hen­ri Konan Bédié, en cam­pagne pour les élec­tions prési­den­tielles d’oc­to­bre 2020 ; le prési­dent togo­lais Fau­re Gnass­ing­bé, réélu en févri­er 2020 ; et enfin, un autre homme d’affaires, Nabil Karoui, can­di­dat aux prési­den­tielles tunisi­ennes de 2019. Dans le cadre de cette dernière élec­tion et suite aux révéla­tions du DFR­Lab, Youssef Cha­hed, can­di­dat mal­heureux à la prési­dence, a annon­cé pour­suiv­re en jus­tice Bel Hadj et sa société. Cepen­dant, le DFR­Lab con­clut que “cela sem­ble avoir été motivé par le gain financier, car il n’y a pas de con­ti­nu­ité idéologique qui se dégage du con­tenu”.

Mais d’autres ques­tions restent ouvertes : Face­book va t‑il récidiv­er dans le cadre d’autres élec­tions et pour d’autres zones géo­graphiques ? L’OTAN, via son Atlantic Coun­cil, va-t-il con­tin­uer à s’impliquer pour des « élec­tions neu­tres » (tra­duc­tion : favor­ables ou a min­i­ma non hos­tiles aux intérêts améri­cains). Serait-ce aus­si le début de nou­veaux ennuis judi­ci­aires pour Lot­fi Bel Hadj ? Affaires à suivre.