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Télétravail, relocalisations… Les villes accélèrent leurs opérations séduction

Depuis le déconfinement, certaines collectivités ont engagé des campagnes de communication à vocation touristique et professionnelle, ou intensifié leurs actions de prospection. Reims note un « regain d'intérêt » de la part des entreprises, alors que la région Auvergne-Rhône-Alpes soutient les projets de relocalisation sur son territoire.

Mazamet (Tarn) a affûté son argumentaire sur son site à l'intention des travailleurs urbains en mal de chlorophylle.
Mazamet (Tarn) a affûté son argumentaire sur son site à l'intention des travailleurs urbains en mal de chlorophylle. (Fabricio Cardenas/CC by SA 4.0)

Par Laurence Albert, Guillaume Roussange, Stephane Frachet

Publié le 1 juil. 2020 à 10:29Mis à jour le 1 juil. 2020 à 16:21

« Déconfinez-vous pour toujours à Mazamet ! Fini la pollution, les bouchons, le bruit ou le stress. » Dans le Tarn, où la douceur de vivre ne suffit plus à retenir les natifs, la mairie a affûté son argumentaire sur son site à l'intention des travailleurs urbains en mal de chlorophylle. Le fantasme du « grand départ » de la capitale a repris de la vigueur avec le confinement et le télétravail. Les entreprises, elles aussi, prospectent des territoires où les charges immobilières sont plus légères et les transports plus fluides. Sans compter l'enjeu, émergent, de la relocalisation .

Pour les villes moyennes et les territoires malmenés par la métropolisation, la revanche passera-t-elle par une intense « chasse au cadre » ? Pour l'heure, les collectivités et les agences de développement économique se contentent d'une communication « soft » et un peu ​ambiguë, à vocation aussi bien touristique que professionnelle. Les couloirs du métro parisien nous apprennent qu'Alès est une « capitale qui ne manque pas d'air », tout comme Vierzon Sologne Berry. ​La Seine-et-Marne est un département qui veut « Vivre en grand ». Le maire de Châteauroux (Indre), Gil Avérous (LR), a, lui, ciblé les citadins des métropoles de l'Ouest pour vanter les mérites des grands espaces et d'une pollution de l'air quasi nulle.

Manque de visibilité

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« Les territoires ont fait évoluer leur message », observe Christophe Alaux, directeur de la chaire Attractivité et Nouveau Marketing Territorial (Aix-Marseille Université). « Beaucoup jouent sur les deux tableaux. On voit encore peu de campagnes totalement économiques. Il y a un souci de ne pas paraître opportuniste. Par ailleurs, les collectivités s'appuient souvent sur les entreprises locales, lesquelles manquent de visibilité sur l'emploi, en raison de la crise ». Les choses pourraient bouger après l'été. Le Conseil régional Centre-Val de Loire lancera, par exemple, une campagne en partenariat avec l'Apec pour séduire des cadres franciliens. « 61 % des cadres interrogés lors de notre Salon de décembre, à Paris envisageaient déjà notre région comme attractive au regard du prix de l'immobilier raisonnable et des conditions de vie », commente Anthony Fumard, délégué régional de l'Apec, persuadé que ce taux est supérieur aujourd'hui.

Un appel du pied aux entreprises en quête de relocalisation

Et d'un ! En annonçant, le 25 juin, la relocalisation du siège du cimentier Vicat (35 personnes) à L'Isle-d'Abeau (Isère), Laurent Wauquiez n'a pas fait mystère de ses intentions. « Vicat est la pierre fondatrice de notre politique visant à ramener de l'emploi dans la région. » Dans sa ligne de mire : les sièges sociaux d'entreprises ayant déjà un pied en Auvergne Rhône-Alpes, mais aussi les industriels caressant l'idée de relocaliser leurs productions en France. Pour convaincre les uns et les autres, le Conseil régional a prévu 10 millions d'euros pour « accompagner les projets de relocalisation ». Ses interventions s'adapteront « aux besoins des entreprises ». Elles pourront par exemple porter sur le financement d'équipements ou de locaux, comme il le fait pour Vicat, ou sur une aide au logement des salariés. Reste à aller chercher de potentiels candidats. Laurent Wauquiez mise sur le travail de terrain des élus et de l'agence Auvergne Rhône-Alpes Entreprises, qui devrait multiplier les prospections à l'étranger ces prochains mois. F.S. (à Lyon)

Actions de prospection qui redoublent

Certains territoires (Lot, Aveyron, Manche, Cantal…) pratiquent de longue date ces « opérations séduction », parfois en se battant simultanément pour obtenir des équipements indispensables à leur attractivité (fibre, desserte ferroviaire…). « Celles qui sont déjà lancées intensifient leurs efforts en ce moment », remarque Christophe Alaux. Chez Invest in Reims, l'agence de développement économique du Grand Reims, les actions de prospection ont redoublé depuis la fin du confinement. « J'ai en moyenne 3 à 4 entretiens par jour avec des chefs d'entreprise ayant un projet. La plupart de ces dossiers concernent l'e-commerce. Tous ne se réaliseront pas, bien entendu, mais le regain d'intérêt est palpable », explique Jean-Yves Heyer, directeur de la structure. Une implantation - encore secrète - s'est déjà concrétisée : une société de l'univers numérique a retenu 2.500 m2 pour y implanter ses activités. Très prochainement, une première équipe de six personnes sera installée, en attendant le reste des effectifs, 150 postes environ. « Il est incontestable que la crise du Covid a joué dans ce dossier un rôle de déclencheur. Pour le chef d'entreprise, la question des déplacements des salariés est devenue essentielle, sans parler de la qualité de vie », explique Jean-Yves Heyer. Le directeur maîtrise son argumentaire : à seulement une heure de Paris en TGV, la métropole reimoise offre un environnement économique favorable, à des prix inférieurs à la région parisienne. « Depuis dix-sept ans, notre discours n'a pas changé. La perception des dirigeants si. Notamment à cause des nouvelles aspirations des salariés. » «Toutefois, note le directeur, il est trop tôt pour savoir si les pratiques de la crise, le recours massif au télétravail notamment, perdureront et engendreront un afflux important d'implantations. »

Laurence Albert avec Guillaume Roussange (à Reims) et Stéphane Frachet (à Tours)

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