Urbanisme: Gatineau devra convaincre pour densifier

Une bonne partie du succès du nouveau plan d’urbanisme de Gatineau reposera sur la capacité de la Ville à obtenir l’adhésion des citoyens face aux changements qu’il imposera, parfois jusqu’au coeur de quartiers bâtis depuis longtemps. Politiciens et groupes d’intérêt s’entendent à dire que pour éviter l’étalement urbain, Gatineau devra inévitablement densifier des secteurs déjà bâtis.

Une bonne partie du succès du nouveau plan d’urbanisme de Gatineau reposera sur la capacité de la Ville à obtenir l’adhésion des citoyens face aux changements qu’il imposera, parfois jusqu’au coeur de quartiers bâtis depuis longtemps. Politiciens et groupes d’intérêt s’entendent à dire que pour éviter l’étalement urbain, Gatineau devra inévitablement densifier des secteurs déjà bâtis. C’est d’ailleurs le choix que le conseil municipal s’apprête à faire en adoptant son plan d’urbanisme à la fin du mois d’octobre.


«Dans certains quartiers, par exemple, on n’aura plus le droit de remplacer un bungalow par un autre bungalow, explique Catherine Craig-St-Louis, urbaniste à l’organisme Vivre en ville. Le bâti des quartiers qui existent déjà sera appelé à être modifié au fil du temps, à parfois gagner en hauteur. Oui, c’est insécurisant pour les citoyens qui habitent et connaissent ces quartiers, mais il faudra trouver la façon de bien le faire tous ensemble parce que le vrai danger, c’est de continuer de s’étaler et de continuer nos vieilles pratiques.»

Le président du comité consultatif d’urbanisme, Jocelyn Blondin, est aussi d’avis que la notion d’acceptabilité sociale sera primordiale. «On entend des citoyens qui déplorent l’étalement urbain et je suis d’accord avec eux, a-t-il dit, vendredi, lors de la rencontre de la commission sur le développement du territoire, de l’habitation et de l’environnement (CDTHE) de la Ville de Gatineau. D’un autre côté, on a des citoyens qui sont contre la densification. Un moment donné, il faut sensibiliser les gens. On ne peut pas tout avoir. On ne peut pas à la fois refuser la densification et l’étalement urbain. On a des choix difficiles à faire et il faut respecter l’environnement.»

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Le directeur général du Conseil régional de l’environnement et du développement durable de l’Outaouais (CREDDO), Benoît Delage, voit dans le nouveau plan d’urbanisme une volonté claire d’aller vers la requalification de certains quartiers. «On a déjà beaucoup d’espace, mais qui est mal utilisé, dit-il. Il y a des points centraux dans la ville qui sont des ouvrages d’une autre époque qui devront être requalifiés.»

Benoît Delage

L’exemple de ce que souhaite réaliser Brigil au centre commercial Place Cartier, dans le secteur Hull, en voulant intégrer des logements à l’ensemble commercial, le nouveau complexe immobilier aux Galeries d’Aylmer et la volonté de transformer les grands ensembles commerciaux comme celui du Plateau s’inscrivent dans cette logique.

Le système flanche

Le représentant de l’industrie de la construction à la CDTHE, Nicolas Brisson, est le seul, vendredi, à s’être opposé à la recommandation au conseil municipal du nouveau plan d’urbanisme. L’industrie accueille froidement l’inclusion dans le plan d’urbanisme de la stratégie municipale visant à forcer l’inclusion du logement abordable dans les projets immobiliers privés. «Sur le principe, dit-il, on ne pense pas que c’est aux futurs acheteurs de maisons neuves de financer le logement abordable et social. Ça peut avoir beaucoup d’incidences.»

M. Brisson souhaitait aussi laisser le temps aux entrepreneurs d’étudier les nouvelles grilles de zonage. Ils ont jusqu’au 22 septembre pour proposer des ajustements. «Il y a plein d’experts au sein de nos entrepreneurs qui vont se pencher là-dessus dans les prochains jours, explique M. Brisson. On espère pouvoir proposer certains ajustements, mais les délais sont très courts.»

En plus des courts délais, il se trouve que le Géoportail de la Ville de Gatineau permettant cette analyse fine des nouvelles grilles de zonage est tombé en panne, vendredi, peu de temps après avoir été mis en ligne. Il n’était toujours pas possible de le consulter lundi en fin d’après-midi. Le service des communications explique faire face à des «enjeux techniques», notamment pour la classification des codes d’usages dans la base de données. La Ville croit que le service devrait être de nouveau disponible mardi matin.»

Stationnements étagés ou souterrains

Le nouveau plan d’urbanisme interdira les stationnements de surface à moins de 300 m d’un axe de transport en commun. Cette règle doit prévaloir autant pour l’entreprise privée que pour les Parc-O-Bus de la Société de transport de l’Outaouais (STO). Les autres institutions seraient toutefois exemptées d’une telle obligation, notamment en raison des coûts supplémentaires que cela représente. «Le secteur privé aura une rentrée d’argent qui lui permettra de payer ce type de stationnement, mais pour les institutions publiques, il n’y a pas de rentrée d’argent, c’est juste une dépense de plus», a rappelé le directeur du service de l’urbanisme de la Ville de Gatineau, Mathieu Bélanger, pour justifier cette exemption.

La STO se dit «favorable à une orientation qui mise sur la densité le long des zones axées sur le transport en commun, notamment en réduisant les stationnements de surface». Le responsable des communications de la STO, Alexandre Meloche Doris a toutefois précisé, dans une réponse écrite, qu’une réflexion sur le positionnement des Parc-O-Bus est prévue, mais qu’elle ne sera pas entamée avant 2022.

Le conseiller du district du Lac-Beauchamp, Jean-François LeBlanc, s’est pour sa part dit favorable avec l’obligation d’aménagement de Parc-O-Bus étagé. À son avis, ceux des stations Labrosse et Lorrain auraient dû être aménagés de cette façon. «J’espère que celui à l’aéroport sera énorme et étagé», a-t-il indiqué.