IA Fictions
Prolonger la vie après la mort ? Représentations dystopiques de l'IA et de l'immortalité numérique dans « Be right back » (Black Mirror, S02E01)
Table ronde - IA et Cinéma (1)
03.06 - 14:15

Bio

Marine Malet est doctorante contractuelle en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université Paris II Panthéon-Assas et au Centre d’Analyse et de Recherche Interdisciplinaires sur les Médias (CARISM). Elle réalise une thèse sous la direction du Pr. Rémy Rieffel intitulée provisoirement « Analyse des représentations sociétales proposées par les séries télévisées dystopiques et de leur réception au sein des communautés en ligne de sériphiles ». Ses thématiques de recherche portent sur les séries télévisées, la fiction et le réel, les communautés en ligne et les fan studies.

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Communication

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Abstract

Black Mirrorest une anthologie télévisée britannique créée par Charlie Brooker. Diffusée entre 2011 et 2014 sur Channel 4, elle est depuis 2016 produite et diffusée par Netflix. Cette série est une référence télévisuelle du genre dystopiquedans les médiasmais également chez les téléspectateurs. Ellerevendiqueun positionnement technocritique et met en scène un futur proche dans lequel les nouvelles technologies sont omniprésentes. Fil rouge des épisodes,le rapport aux écrans etles dérives liées aux usages de ces nouvelles technologies. La trame narrative de l’épisode «Be right Back» (S02E01), réalisé par Owen Harris et diffusé sur Channel 4 le 11 février 2013, est centréesur le remplacement d’une personne décédée par une intelligence artificielle. Nourrieinitialementde donnéespubliquespuis de cellescédéespar les proches du défunt, l’IAprend la forme d’un «double digital» de la personne décédée, aidant ainsi ses proches à surmonter la période de deuil.

L’intelligence artificielle est ici présentéecomme un moyen de pallier aux grandes craintes anthropologiques telles de la souffrance et la mort. A partir d’une approche socio-sémiotique, cette communication propose d’interroger ce que l’épisode de la série télévisée révèle desangoisses et fantasmes collectifs à l’égard de l’IA ? Comment sont représentées les problématiques éthiques et psychologiques induites parune telle technologie ? Il conviendra également de se demander si la série télévisée propose une simple anticipation dystopique ou émetégalementune critique réflexive sur le présent.

L’analyse sémiologique de l’épisode permettra de faire émerger différentes problématiques liées à l’intelligence artificielleutilisée comme ce qu’on appelle désormais un «memorial bot». La première problématique induite par une telle IA est liée aux fondements de notre humanitéet convoque des réflexions transhumanistes: est-il possible de transférer l’essence même de notre conscience dans une machine? L’identité d’un individu peut-elle être pleinement saisie par des algorithmes? La question des données, de la privacyet du droit à l’oubli sous-tend également l’épisode. Enfin, la question du dialogue et de la relation humain/IA, récurrente dans les fictions, se pose ici(Baudoin, 2018).

Dans un second temps,l’étuded’entretiens qualitatifs menés auprès d’enquêtés sériphilespermettra d’éclairer la réception de la série télévisée Black Mirroret plus particulièrement de cet épisode.En illustrant les dérives de l’IA dans une situation concrète et en mobilisant une esthétique réaliste et des mécanismes d’identification,cet épisode permetune «réflexion à rebours» (Rumpala,2010) sur notre réel, à partir de la fiction.

Elément intéressant, Black Mirrora concurrencé le réel avec cet épisode. En effet, si la fiction se nourrit du réel, l’inverse est également vrai et se vérifie puisque depuis sa diffusion, plusieurs sociétésdéveloppent et proposent ces bots mémoriels.

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