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Augmenter la machine, réduire l'humain ? Représentations cinématographiques de l'IA
03.06 - 14:00

Description

En tant qu’outil épistémologique, le posthumanisme est composé par un système de discours1dont lasingularité technologique. Née dans les années 1950 (évoquée par l’un des fondateurs de l’informatique, le mathématicien et physicien américano-hongrois John von Neumann), la notion de la singularité ouvre la possibilité qu’une machine intelligente, créée par une autre machine, puisse prendre le contrôle de son propre développement. Fondée sur l’idée d’une évolution exponentielle de la technologie informatique –qui s’appuie dans un premier temps surla mal nommée loi de Moore2, puis surune loi d’accélération du progrès3–la singularité a étépopularisée par l’auteur de science-fiction Vernor Vinge dans les années 1990, eta trouvédans le directeur de l’ingénierie de l’entreprise Google, Raymond Kurzweil, sa figure centrale depuis les années 2000. Selon ce dernier, l’évolution des technologies donnera naissance en 2045 à une intelligence non-biologique un milliard de fois plus performante que l’esprit humain.

Si le film L’Uomo meccanico (1921) du réalisateur français André Deed constitue la première représentation d’un robot dans l’histoire du cinéma, tout au long du siècle qui s’est ensuite écoulé, et en parallèle des avancées technoscientifiques mais également des réflexions sur l’altérité machinique,ont vu le jour multiples représentations cinématographiques d’une intelligence artificielle (IA) –c’est-à-dire d’une forme d’intelligence non-biologique produite scientifiquement par l’être humain. Du point de vue morphologique, il semble possible de les étudier en deux groupes. D’une part, les créations possédant un corps défini, très souvent de forme humaine: Maria, dans Metropolis (1927) de Fritz Lang; Robby, dans Forbidden Planet (1956) de Fred M. Wilcox; Leona, dans Sayonara (2015) de Koji Fukada. D’autre part, celles qui contrôlent ou occupent un espace ou une réalité, mais dont l’existence ne se limite pas à celle d’un corps ou d’un objet: Alpha 60, dans Alphaville (1965) de Jean-Luc Godard; Proteus IV, dans Demon Seed (1977) de Donald Cammell; Samantha, dans Her (2013) de Spike Jonze.

Cette communication s’intéresseaux représentations de l’intelligence artificielle dans le cinéma (avec un corpus de 30 films entre 1921 et 2015) en trois temps: 1. cherchant à identifier les points forts du discours de la singularité technologique, 2. étudiant les spécificités cinématographiques (techniques et formelles) des représentations, 3. analysant l’espace-temps fictionnel dans lequel ces représentations ont lieu (utopique, dystopique, futuriste, etc.). Il s’agit en somme de répondre aux questions suivantes: quelle(s) évolution(s) dans la représentation de l’intelligence artificielle dans le cinéma? Est-il possible d’établir une périodisation ? Comment l’altérité fabriquée affecte-t-ellele récit et les personnages humains ?

Bio

ATER, Université Paris-Est Créteil (UPEC). Programmateur de films (https://www.imageetparole.com/) Docteur. Histoire et Sémiologie du Texte et de l’Image. Université de Paris. Thèse : « Houellebecq et Volpi, romanciers posthumanistes ? Une lecture de deux romans de Michel Houellebecq, Les Particules élémentaires (1998) et La Possibilité d’une île (2005) et de la trilogie du XXe siècle de Jorge Volpi En busca de Klingsor (1999), El fin de la locura (2003) et No será la Tierra (2006) à la lumière du posthumanisme ».

Enregistrement

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