IA Fictions
Gynoïdes et enceintes: singularité organique de l'IA dans les films de science-fiction
Table ronde - IA et Cinéma (2)
03.06 - 16:15

Bio

Passionnée depuis toujours par la science-fiction et les mondes imaginaires, j’ai développé une large culture autour de ces sujets, tant littéraire que cinématographique, et en ai retiré un mémoire de recherche au cours d’un Master de Recherche en Cinéma et Audiovisuel à l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, articulant tant les questions d’études de genre que de genre filmique au sein du tech-noir, sous genre dédié à l’impact de la technologie sur l’imaginaire. Par ailleurs, après des études d’art et d’architecture, je travaille comme monteuse vidéo, assistante d’artistes et sculptrice dans l’atelier d’Emmanuel Rivière.

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Communication

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Abstract

La singularité désigne ce point crucial où l’IA s’émancipe de l’humain pour développer elle-même ses propres programmes d’évolution, devenant ainsi toute puissante et hors de contrôle. On a vude nombreuses fictions imaginer ce scénario, où les machines organisées en armées prennent ainsi le pouvoirsur lesrestes d’une humanité décimée, réduite àune poignée de résistants:Terminatorde James Cameron(1984), et ses nombreuses suites, ou Battlestar Galactica, la série de Glen A. Larson et Ronald D.Moore (2004-2010) en sont deux exemples.

Nous observons plus récemment une nouvelle forme de représentation de cette singularité:la problématique principale de Blade Runner 2049, de Denis Villeneuve(2017), est qu’une réplicantea mis au monde un enfant. La résolution de l’intrigue nous montre d’ailleurs que cet enfant estune fille,une femme, ce qui offre la possibilité d’une nouvelle gestation, et ainsi l’engendrement d’une lignée.

Blade Runner2049 est, peut-être, lepremier film à porter cette problématique de la maternité jusqu’à ce point, où l’IA, dotée d’un corps féminin, devient capable de reproduire le mode de reproduction de l’être humain. Cependant on constate un certain nombre de filmsdes années 2010 qui associent les thèmes de l’IA à la maternité: entre autres I am Mother, de Grant Sputore (2019), au titre particulièrement explicite, met en scène un robot qui élève une petite fille humaine;Ghost in the Shell, deRupert Sanders(2017), ajoute une problématique au manga dont il est l’adaptation, en mettant au cœur de l’histoire la recherche d’une ascendance maternelle biologique pour son personnage principal cyborg, dans un monde dominé par la technologie...

Plus rassurant, lentet limité, ce mode de reproduction et donc cette singularité des IA les rapprochent également d’une humanité organique, biologique et sociale. La reproduction organique serait-elle un moyen de neutraliser la menace d’une IA toute puissante? La figure maternelle lie le féminin au naturel, l’éloigne de l’émancipation promise par la technologie et efface tout à la fois la menace technologique et la menace féminine que l’on retrouve dans les dystopies futuristes. Effacement réel ou illusoire, cependant? Lorsqu’elle est limitante pour l’humain, la maternité peut être source de pouvoir et d’indépendance pour les IA des films que nous avons mentionnés. Une étude approfondie des types de maternitéde la science-fiction, organique ou symbolique, ainsi que de leur impact sur la représentation des IA nous permettront de considérer ces nouveaux rapports entre humain et technologie qui s’établissent aujourd’hui dans les films.

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