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Les villes moyennes refusent que le TGV les zappe

Les représentants de Villes de France, leur association, ont rencontré jeudi la ministre des Transports, Elisabeth Borne, pour lui faire part de leurs inquiétudes sur «les envies de la SNCF» qui, d'après eux, voudrait ne relier que les métropoles entre elles.
par Sibylle Vincendon
publié le 10 novembre 2017 à 15h50

Elus de Bourg-en-Bresse, de Béthune, de Libourne, d’Arras ou de Vitré, ils sont maires de villes dites «moyennes», qui représentent quand même des bassins de 30 000 à 150 000 habitants. Ils sont également presque certains que la SNCF ne veut plus desservir leurs villes. L’exploitant des chemins de fer n’aurait, selon eux, qu’une idée en tête : relier les métropoles en direct et gagner, au passage, la course de vitesse contre l’aérien.

Dès lors, explique Jean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse et président délégué de Villes de France, pour éviter que le TGV perde sept minutes en s'arrêtant dans sa ville, il faudrait que les voyageurs perdent, eux, une heure et demie en allant jusqu'à Lyon pour prendre une correspondance en TER. «Nous les connaissons depuis vingt ans, ces envies de la SNCF de réduire les dessertes des villes moyennes entre deux métropoles», dit-il. La ministre a eu «des propos rassurants en nous disant que l'objectif n'est pas de réduire nos dessertes et c'est toujours bon à entendre». Mais elle leur a aussi rappelé la mission qu'elle a confiée à Jean-Cyril Spinetta, ex-patron d'Air France, sur le ferroviaire dans l'Hexagone et qui ne rendra ses conclusions qu'en janvier. La ministre leur a assuré que le rapporteur les recevrait.

«Ouverture à la concurrence»

Toutefois, les élus savent bien que le problème dépasse la bonne volonté de la SNCF. Il y a d'abord le contexte de l'ouverture du monopole à la concurrence en 2020. «On nous dit qu'il faut expertiser le coût de la desserte de nos villes pour intégrer des contraintes de service public dans les cahiers des charges de l'ouverture à la concurrence», explique Jean-François Debat. Comme ces dessertes sont supposées être des pertes, elle devront être «compensées» pour l'exploitant qui aura gagné le marché. Et là, «les collectivités locales seront mises à contribution» pour les conserver.

Mais comment est-on certain qu'une desserte se fait «à perte» ? Le maire de Bourg-en-Bresse prend l'exemple des trains de milieu de journée, «dont la SNCF nous dit qu'ils sont à moitié vides, ce qui est vrai. Mais si quelqu'un veut aller à Lyon pour un rendez-vous le matin, il ne prendra pas le train s'il doit attendre 18 heures pour avoir celui du retour. Il prendra sa voiture». Un effet collatéral que la comptabilité publique ne prend jamais en compte.

Cela dit, l'élu sait bien que ce n'est pas seulement la mauvaise volonté de l'exploitant des trains qui est en cause. «Je vois aussi que la SNCF est embarquée dans un mode de financement où son exploitation doit payer la dette de ses infrastructures. Pour les routes, ce ne sont pas les transporteurs qui paient, c'est le contribuable. Tant que nous serons dans le modèle financier actuel, nous n'y arriverons pas parce que l'équation n'est pas soluble.» Comme quoi, la desserte de Bourg-en-Bresse ne relève pas seulement de la chronique locale.

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