Arrêté pour avoir fui son hôtel de quarantaine, ce couple se défend: «nous sommes traités comme des criminels»

Placés en quarantaine à leur arrivée de Johannesburg, Carolina et Andres ont fui l’hôtel d’Amsterdam dans lequel ils étaient censés rester isolés. Arrêtés à bord d’un avion et puis placés en isolement à l’hôpital, ils s’indignent de la façon dont ils ont été traités.

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Rédaction en ligne avec agence
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Vendredi, quelque 600 passagers venant de Johannesburg et du Cap ont atterri à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, quelques heures à peine après que l’Afrique du Sud eut communiqué sur l’émergence d’un nouveau variant du coronavirus.

Les Pays-Bas ont décidé de tester dans l’urgence ces voyageurs. 61 d’entre eux ont été reconnus positifs à la Covid-19, la plupart étant placés en quarantaine dans l’hôtel de Badhoevedorp. Au moins 14 passagers sont porteurs d’Omicron, ont précisé lundi les autorités sanitaires.

Parmi les personnes placées en quarantaine, un Espagnol de 30 ans et une Portugaise de 28 ans, Carolina et Andres. Le couple a pris la poudre d’escampette, et a été arrêté après avoir embarqué dans un avion en partance pour l’Espagne. Carolina et Andres se trouvent désormais en isolement dans un hôpital d’Haren [Groningue, Pays-bas]. «Nous sommes traités comme des criminels alors que nous avons toujours été transparents», fulminent-ils, dans une interview accordée à la chaîne catalane TV3.

«Nous avions l’autorisation de partir»

Carolina avait été positive au coronavirus, son compagnon avait lui dû se placer en quarantaine conformément en règles en vigueur sur les voyages. Selon son conjoint, Carolina avait été infectée il y a trois mois. «Elle est complètement guérie et ne présente plus aucun symptôme», insiste-t-il.

Le couple a donc demandé à effectuer un second test PCR, ce qui leur a été refusé, assurent-ils, déplorant le manque de suivi dans l’hôtel de quarantaine. «Personne ne s’est occupé de nous.» Ils ont donc décidé d’acheter deux tests rapides. Les résultats étant négatifs, ils ont décidé de quitter l’hôtel corona. «Nous avons même obtenu l’autorisation de partir d’une personne du service municipal de santé et d’un agent de police», ajoute le couple.

Carolina et Andres ont ensuite pris la route vers l’aéroport et trouvé une place sur un vol KLM vers Barcelone. «Nous avons passé tous les contrôles et l’enregistrement sans aucun problème et avons pris place dans l’avion. Alors que nous étions sur le point de décoller, les moteurs se sont soudainement arrêtés et le nom de Carolina a été appelé dans le haut-parleur», retrace Andres. Carolina a été emmenée en isolement à l’hôpital d’Haren, son conjoint a décidé de l’accompagner. La jeune femme a été soumise à un nouvel examen ce lundi et attend désormais les résultats.

Deux versions à cette affaire

Du côté des autorités locales, la version des faits diffère quelque peu. «Ce couple s’est opposé à la quarantaine dès le début, mais bien sûr, ce sont nos règles qui s’appliquent. Ils ont indiqué qu’ils ne voulaient pas s’y résigner», a indiqué Marianne Schuurmans, bourgmestre de Haarlemmermeer [où se situe l’hôtel corona]. «J’ai vérifié auprès de la gendarmerie royale néerlandaise et du service communal de santé (GGD) si leur version des faits est correcte, mais ils ne sont pas d’accord avec le couple.»

«Le ministère de la Justice enquête pour savoir si ce qu’ils ont fait constitue un crime ou non», a également fait savoir Petra Faber, une porte-parole de la municipalité. Car malgré leur contagiosité présumée, ils n’étaient pas obligés de rester dans l’hôtel. Sur les 61 contaminés, une cinquantaine effectue bien sa quarantaine sur place, observe-t-elle. Les autres ont été autorisés à rentrer chez eux, à condition de ne pas prendre les transports publics et de ne mettre personne d’autre en danger.

Aux Pays-Bas, où le libre arbitre est une religion, toutes les mesures liées aux maladies infectieuses, «dont les quarantaines, se font généralement sur une base volontaire», note Harm Groustra, le porte-parole de GGD, l’une des autorités sanitaires néerlandaises. Ce que le couple hispano-portugais a tenté de faire est donc «fou», remarque M. Groustra. «Ils ont mis en danger tous les gens autour d’eux et notre système de santé en général.»