Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Vive controverse entre l’IMA et l’intelligentsia arabe à propos de l’exposition « Juifs d’Orient »

Des figures de la scène culturelle du Levant et du Maghreb s’alarment de « signes de normalisation » avec Israël au sein de l’Institut du monde arabe. En cause, notamment, le fait que des pièces de l’exposition organisée dans ses murs proviennent du Musée d’Israël.

Par 

Publié le 13 décembre 2021 à 11h15, modifié le 14 décembre 2021 à 06h23

Temps de Lecture 6 min.

Article réservé aux abonnés

Le président français, Emmanuel Macron, lors de la visite de l’exposition « Juifs d’Orient », conçue par l’historien Benjamin Stora (à gauche), à l’Institut du monde arabe (Paris, 5e), le 22 novembre 2021.

Le fier bâtiment qui abrite depuis 1987 l’Institut du monde arabe (IMA), dans le 5arrondissement de Paris, célèbre pour sa façade en moucharabieh, a essuyé de nombreuses tempêtes. Mais la crise qu’affronte aujourd’hui ce haut lieu de la culture arabe en France est d’un genre inédit.

Dans une lettre ouverte à l’IMA, qui circule sur Internet depuis le 6 décembre, plus de deux cents membres de l’intelligentsia du Maghreb et du Machrek, dont certains acclamés mondialement, comme le romancier libanais Elias Khoury, le cinéaste palestinien Elia Suleiman et le musicien tunisien Anouar Brahem, s’alarment de « signes explicites de normalisation » avec Israël.

Les signataires reprochent à l’Institut de tenter de présenter l’Etat hébreu « comme un Etat normal », rappelant que deux récents rapports, signés des organisations de défense des droits humains B’Tselem et Human Rights Watch, ont qualifié d’« apartheid » le régime en vigueur en Israël et dans les territoires occupés palestiniens. Paradoxe terriblement cruel : l’IMA se retrouve mis en cause par ceux-là mêmes dont il fait rayonner le travail depuis bientôt trente-cinq ans.

Le procès fait à l’Institut repose sur une déclaration de son président, l’ancien ministre de la culture Jack Lang, et sur des éléments liés à l’exposition « Juifs d’Orient », inaugurée le 24 novembre dans ses murs. Cette grande première, conçue par l’historien Benjamin Stora, retrace l’histoire plurimillénaire des communautés juives en terre arabo-musulmane et célèbre leur apport à la culture de cette région, tout en abordant, à tâtons, les sujets qui fâchent : le départ des juifs du monde arabe, à la suite de la création d’Israël en 1948, et l’expulsion concomitante des Palestiniens, durant la Nakba (leur exil forcé).

Six emprunts à Israël

Cette exposition survient alors que, en 2020, quatre Etats arabes – les Emirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc et le Soudan – ont normalisé leurs relations avec Israël, dans le cadre des accords d’Abraham, au grand dam des dirigeants palestiniens qui ont crié à la trahison. En janvier, dans une interview à l’Agence de presse marocaine (MAP), Jack Lang s’était félicité de l’accord signé par Rabat, affirmant que des quatre traités, celui signé par les Marocains était le seul à ne pas sacrifier les Palestiniens. La déclaration avait suscité des remous jusqu’au sein de l’IMA.

Puis fin novembre, le mouvement Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS), la réponse de la société civile palestinienne au naufrage du processus de paix, à l’étranglement de la Cisjordanie et de la bande de Gaza et à l’inaction des capitales occidentales, s’est ému de la participation d’une chanteuse israélienne d’origine marocaine, Neta Elkayam, à un festival de musique organisé par l’IMA, en parallèle de l’exposition « Juifs d’Orient ». En application de ses règles, qui proscrivent les contacts avec des Israéliens n’ayant pas pris position publiquement contre l’occupation, l’apartheid, et pour le retour des réfugiés, le BDS a incité les artistes arabes participant à ce festival à s’en retirer.

Il vous reste 59.36% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.