"Neutralité carbone" ou "compensation carbone" : comment ne pas tomber dans le piège de l'usage abusif de ces termes

Faut-il croire les marques et les entreprises lorsqu'elles nous parlent de "neutralité" ou de "compensation carbone" ? Voici quelques pistes tirées de recommandations de l'Ademe (Agence française de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) qui vous aideront pour débusquer le greenwashing qui se dissimule derrière ces promesses de neutralité carbone.

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ETX Daily Up
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Ikea, Apple, Carrefour... Ces grandes entreprises, tout comme de nombreux pays, se sont récemment engagées à atteindre la neutralité carbone dans les prochaines décennies à venir. Autrement dit, à stocker autant de CO2 qu'elles n'en émettent. Une annonce ambitieuse, qui ne manque pas de produire son petit effet. Mais dans les faits, le concept même de "neutralité carbone" est largement galvaudé, souligne l'Ademe dans un avis d'experts publié en février.

Induire le public en erreur

Vous êtes déjà probablement tombé sur l'une de ces phrases en lisant la charte d'une entreprise ou la description d'un produit : "Marque certifiée neutre en carbone", "Gamme climatiquement neutre, "Neutralité carbone à vie", "événement neutre en CO2", etc. Autant de promesses accolées sur l'étiquette qui ne veulent finalement pas dire grand-chose.

"L'usage abusif de l'argument de 'neutralité' est problématique : il induit par définition le public en erreur, il repose sur le concept de compensation qui recouvre des réalités différentes, il empêche de repérer les acteurs qui s'engagent réellement, il contribue à la défiance des publics envers les discours des organisations et il représente un frein à la diffusion de récits mobilisateurs", explique l'Ademe.

Mais s'il y a une formule contre laquelle l'Ademe nous met en garde, c'est bien la suivante : "100 % neutre en carbone". En effet, difficile d'imaginer une marque, quel que ce soit le secteur, qui émettrait zéro gaz à effet de serre. À la place, l'Ademe recommande d'indiquer le niveau de réduction de carbone obtenue grâce aux démarches écoresponsables adoptées par les marques, en donnant un pourcentage précis. Par exemple : "Telle entreprise a réduit son empreinte carbone de X % en l'espace de trois ans".

Quid de la compensation carbone ?

L'Ademe alerte également sur l'usage du terme "compensation carbone". Soit la méthode la plus fréquemment mise en avant par les marques et institutions qui affichent fièrement leurs ambitions de neutralité carbone. La compensation carbone- lorsqu'elle est appliquée à une entreprise, une collectivité ou même un particulier- repose sur le principe de compenser un achat ou une action gourmande en carbone (par exemple en réserver un billet d'avion) en participant au financement d'un projet visant à restaurer, créer ou augmenter les puits naturels de carbone, comme les sols ou les forêts.

"L'argument de compensation s'apparente souvent à un prétexte marketing. En effet, le prix des crédits carbone peut varier énormément selon le type de projet, sa localisation et les éventuelles certifications. Ainsi, le nombre de crédits achetés peut ne pas refléter l'engagement réel des organisations et le montant effectivement apporté à des porteurs de projets", souligne l'Ademe.