Le drame de Séoul fait 153 morts: quelles sont les causes d’un mouvement de panique et comment l’éviter?

Ce samedi, une bousculade dans un quartier de Séoul qui célébrait la fête d’Halloween pour la première fois en deux ans, a causé la mort d’au moins 153 personnes. La Corée du Sud accuse le coup et la population veut comprendre comment on a pu en arriver là et comment s’assurer que cela ne se reproduise jamais.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 4 min.

La fête d’Halloween a viré à la nuit d’horreur ce samedi dans le quartier d’Itaewon, à Séoul (Corée du Sud). Au moins 153 personnes ont perdu la vie à la suite d’un mouvement de foule. Et si le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a promis dimanche une enquête «rigoureuse» suite au drame, les questions sont nombreuses dans la tête des Coréens suite à la tragédie qui a fait tant de victimes, pour la plupart très jeunes.

Comment en est-on arrivés là?

Plusieurs raisons expliquent l’origine de ce mouvement de foule. D’abord, le quartier d’Itaewon est l’un des plus fréquentés de la capitale sud-coréenne et le lieu des célébrations d’Halloween était un passage étroit d’environ quatre mètres de large. Dès la fin de l’après-midi, une file était déjà formée dans le métro de Séoul, signe que le quartier était bien trop engorgé. Magré cela, des milliers de jeunes continuaient d’affluer vers le lieu des festivités, celles-ci étant les premières depuis le début de la pandémie. Les touristes étaient présents en nombre puisque le pays vient tout juste de rouvrir ses frontières.

Un facteur qui a aggravé la situation est le fait que la ruelle était en pente. De nombreux participants ont chuté les uns sur les autres et tandis que certains blessés étaient évacués, des centaines d’autres continuaient d’arriver, sans se doute du fait que la situation devenait hors du contrôle. Les secours ne parvenaient pas à arriver jusqu’aux victimes et la plupart des décès auraient pu être évités si les professionnels avaient pu intervenir sans être freinés par la foule. Le bilan est extrêmement lourd pour un mouvement de panique qui n’a duré «qu»’une heure.

La population coréenne pointe par ailleurs du doigt la passivité de la police, qui n’avait organisé aucun contrôle pour réguler le flux de personnes dans le quartier. Les autorités ont d’ores et déjà annonce qu’elles n’avaient envoyé que 157 agents de police pour surveiller l’évenement, ce qui semble être bien trop peu.

Qu’est-ce qu’un mouvement de foule et comment l’éviter?

Selon l’expert G. Keith Still, un mouvement de foule est à dissocier d’une bousculade, car cette dernière implique que les personnes ont toujours l’espace pour courir, ce qui n’était pas le cas à Itaewon. Un mouvement de foule survient lorsqu’un trop grand nombre de personnes est entassé dans un même lieu et qu’une poussée fasse basculer la foule comme un seul homme, ce qui a été le cas samedi.

Au cours d’un mouvement de foule, la pression exercée par les personnes au-dessus et au-dessous de la foule rend la respiration difficile, car les poumons ont besoin d’espace pour se dilater. Il faut environ six minutes pour entrer en asphyxie, ce qui est la cause probable de décès des personnes tuées dans le cas présent, poursuit G. Still. Dans ce type de drames, les gens ne meurent pas parce qu’ils paniquent, ils paniquent parce qu’ils se sentent mourir.

Pour éviter qu’un tel drame se reproduise, il est indispensable de mieux réguler les événements de masse et de veiller à ne pas dépasser un certain nombre de personnes par mètre carré. Il est donc essentiel de former les autorités à gérer les foules. Mehdi Moussaïd, chercheur en comportement des foules à l’Institut Max Planck, estime qu’il y avait en moyenne huit à dix personnes par mètre carré à Itaewon, ce qui est beaucoup trop élevé. Selon lui, il aurait fallu beaucoup mieux planifier cet événement, ce qui nécessite une certaine formation. Par ailleurs, le fait de laisser un accès en double sens n’a pas aidé à prévenir la catastrophe de Séoul. «Ces incidents continueront à se produire tant que nous ne mettrons pas en place des processus appropriés de gestion de foules qui anticipent, détectent et empêchent les densités de foule dangereusement élevées», conclut l’expert.